livre Archives - Mes attaches invisibles https://www.alexandrastrauss.fr/tag/livre/ Le site d'Alexandra Strauss Sun, 06 Sep 2020 20:37:43 +0000 fr-FR hourly 1 https://www.alexandrastrauss.fr/wp-content/uploads/2020/09/favicon-32x32-1.png livre Archives - Mes attaches invisibles https://www.alexandrastrauss.fr/tag/livre/ 32 32 Relire Semprun https://www.alexandrastrauss.fr/relire-semprun/ https://www.alexandrastrauss.fr/relire-semprun/#respond Thu, 30 May 2013 09:33:50 +0000 http://www.alexandrastrauss.fr/?p=532 «Des immobilités, mais vertigineuses; lisses en surface, peut-être même plates, ou ternes, pourtant creusées de l’intérieur par un terrible tourbillon immobile; une mémoire déchaînée, découvrant dans un éblouissement instantané tous les enchaînements obscurs, subitement devenus évidents, incontestables, entre les événements hétérogènes, tout au moins en apparence: une pluie d’été et une certaine violence des sentiments; […]

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semprun-couverture«Des immobilités, mais vertigineuses; lisses en surface, peut-être même plates, ou ternes, pourtant creusées de l’intérieur par un terrible tourbillon immobile; une mémoire déchaînée, découvrant dans un éblouissement instantané tous les enchaînements obscurs, subitement devenus évidents, incontestables, entre les événements hétérogènes, tout au moins en apparence: une pluie d’été et une certaine violence des sentiments; une lumière glacée dans un parquage d’automobiles, à la gare de Lyon, et une certaine figure obsessionnelle de la mort; la couleur jaune, à la fois éclatante et troublée, d’un verre de pastis et l’architecture, subitement surgie de rien, d’un roman qu’on voudrait écrire.» L’évanouissement, Jorge Semprun.

Ces temps-ci, je suis retombée dans la lecture des œuvres de Jorge Semprun. Je dis bien tombée car son travail est vertigineux comme un puits. Difficile de s’en extirper, mais je n’essaie même pas, ses livres se renvoient les uns aux autres, sans cesse et comme l’oeuvre de Semprun me relance à chaque fois que mon courage décline, j’y reste. Je travaille en effet sur un texte romanesque dont l’origine est un travail sur la mémoire, les souvenirs, les images des souvenirs.

Je commence à bien me connaître, l’imaginaire et ses sources est une de mes obsessions. Ou, comment la vie se nourrit de l’imaginaire et vice versa. Dans Jérôme Bosch, j’ai tenté d’explorer l’enfance comme origine de la vision morale transmise par sa peinture. Dans Les Attaches Invisibles, c’est dans la vie en train de se construire, dans l’interaction avec les autres arts (poésie, peinture, musique) que mon personnage d’Odilon Redon trouve la force de créer et de se transformer. D’où, ces dernières semaines, et de nombreuses à venir, c’est à parier, une recherche sur la restitution romanesque de la mémoire. D’où Semprun.

Semprun, né dans les années 1920 et fils d’un ministre de la République Espagnole, s’est retrouvé de par l’histoire de sa famille, confronté à la grande Histoire. Fuyant l’Espagne fasciste, il est envoyé à Paris pour y terminer son lycée, puis démarrer des études de philosophie. Le monde politique donc, tout de suite, celui des idées humaines, humanistes, formulées par les poètes de son enfance, espagnols ou latino américains, et celles des philosophes qu’il dévore, y cherchant les traces de l’évidence du monde et les voies possibles de la liberté humaine.

La matière première de Semprun c’est la mémoire, celles de tous ces instants de vie qui s’amoncellent en soi, se déposent dans la vase du tourbillon quotidien et qui ne prennent de sens que redigérés, revécus, retravaillés par l’écrivain. Chez Semprun, la mémoire s’articule autour du monde perdu de l’enfance, comme Nabokov, monde dont la perte ouvre sur des paysages sensoriels féconds. Outre Madrid et l’Espagne, paradis primitifs, Semprun a aussi perdu sa mère très tôt. Mais c’est principalement l’expérience de ses années de formation d’homme qui nourrit son travail, quand, abandonnant ses études par manque d’argent, il entre dans un mouvement de résistance à l’occupant nazi, puis est arrêté, torturé, envoyé à Buchenwald, près de Weimar en Allemagne.

C’est au camp qu’il découvre que le Mal est un choix, un des chemins possibles qui n’a rien d’inhumain, et qu’il voit mourir des hommes, que les idées et la poésie aident parfois à rester fidèles à eux mêmes. Il y passe un an et demi, sauvé par sa connaissance de la langue allemande, sa jeunesse et sa bonne santé et, comme il le dit, par la chance, le hasard. A la sortie de la guerre, il se considère comme mort, et bien qu’il ne soit pas parti en fumée avec les autres, il réalise qu’il est désormais inadapté à la vie «normale». Ne parvenant à formuler son ressenti, il s’engage dans la clandestinité du Parti Communiste Espagnol comme on se jette à l’eau, pour lutter contre Franco qui a survécu à la chute des fascismes.

Ce n’est qu’au début des années 60, Krouchtchev et son rapport critique étant passé par là, que Semprun se détache de l’appareil communiste et parvient à trouver le recul et la voix intérieure qui lui permet d’écrire le récit romancé du Grand Voyage qu’il fit vers Buchenwald et la mort. A partir de là, il écrit, reécrit toujours et sans cesse, dans une langue française plus que magnifique, l’expérience de sa vie, en des récits qui tournent en spirale, se déploient vers une idée, puis vers l’autre, riches de diversions, mais d’une logique interne fascinante. C’est cela, qui aujourd’hui me happe, me montre un chemin possible, ce travail sur la mémoire, le subjectif, la dilatation de certains instants. Dans L’écriture ou la Vie, Semprun raconte comment le travail littéraire est l’aboutissement d’une digestion quasi physique du temps, un mûrissement de l’être qui porte les images et les scènes passées à la lumière.

Semprun est mort il y a deux ans, en juin 2011, il est un des écrivains dont j’aurais rêvé toucher le bout des doigts, le regardant comme cet écrivain immense dont l’oeuvre met en perspective le cheminement que chacun fait dans sa vie, non pas en ligne droite, mais dans un aller retour constant entre le passé et le temps présent, transformant la vie en ce riche minerai qui nourrit la pensée.

Pour plonger, un petit choix:

Le Grand Voyage

L’évanouissement

La deuxième mort de Ramon Mercader

Quel beau dimanche

L’écriture ou la vie

Adieu, vive clarté

Vingt ans et un jour

Le site chemins dans l’oeuvre de Jorge Semprun auteurs, oeuvres d’art, texte…

 

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Pourquoi écrivez-vous ? https://www.alexandrastrauss.fr/pourquoi-ecrivez-vous/ https://www.alexandrastrauss.fr/pourquoi-ecrivez-vous/#respond Mon, 01 Apr 2013 13:41:40 +0000 http://www.alexandrastrauss.fr/?p=87 En novembre 1919, André Breton, consacrait  la première page de la revue Littérature à l’annonce de cette enquête: pourquoi écrivez-vous ? Cela vous amuse-t-il un peu ? Un blog d’écrivain est forcément là aussi pour répondre à cette question. N’est-ce pas une occupation bizarre que de s’asseoir quotidiennement à son bureau, retranché dans la solitude, […]

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une-tranchesEn novembre 1919, André Breton, consacrait  la première page de la revue Littérature à l’annonce de cette enquête: pourquoi écrivez-vous ? Cela vous amuse-t-il un peu ?

Un blog d’écrivain est forcément là aussi pour répondre à cette question. N’est-ce pas une occupation bizarre que de s’asseoir quotidiennement à son bureau, retranché dans la solitude, alors que le monde est si riche en possibilités ?

J’écris pour vivre plus et ne saurais comment faire autrement.

Ecrire me permet de voyager dans le temps, dans l’espace, en moi-même et dans d’autres vies que la mienne, car le temps de la vie me semble trop court pour n’en aborder qu’une seule. Ecrire est le complément de lire, de regarder un film,  une image, un paysage, ou un visage.

J’écris pour donner sens et justice à ce qui paraît souvent chaotique, pour arracher les destinées humaines au vide et leur donner une signification,  pour comprendre le monde et la place que j’y occupe.

Pour chercher dans la réaction des autres à mes balbutiements un écho à ce qui me fait peur et à ce qui m’éblouit.

Pour partager le destin humain.

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Les démons de Jérome Bosch https://www.alexandrastrauss.fr/les-demons-de-jerome-bosch/ https://www.alexandrastrauss.fr/les-demons-de-jerome-bosch/#comments Mon, 25 Mar 2013 17:29:45 +0000 http://www.alexandrastrauss.fr/?p=144 Mai 2009, parution des Démons de Jérôme Bosch. Premier texte parmi mon travail écrit qui devient un livre, un vrai, qu’on trouve dans les librairies et les sites de vente de livres et aura des lecteurs inconnus de moi. Premier souvenir de travail, un livre de reproductions feuilleté dans une chaise longue, l’été. L’émerveillement devant […]

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BoschCouvertureMai 2009, parution des Démons de Jérôme Bosch.

Premier texte parmi mon travail écrit qui devient un livre, un vrai, qu’on trouve dans les librairies et les sites de vente de livres et aura des lecteurs inconnus de moi.

Premier souvenir de travail, un livre de reproductions feuilleté dans une chaise longue, l’été. L’émerveillement devant ses tableaux.

Premier questionnement: quel genre d’homme a pu peindre des tableaux aussi fous ?

Ce qui me touche le plus: son pessimisme. Ses angoisses. Son discours très moral sur l’homme, ses vices, la société telle qu’elle fonctionne. Sa vision de la fin d’une époque et du début d’une autre. Ses ermites en retrait. Son imaginaire fantastique. Que je ne place qu’en dernier car ce n’est presque que cela qui a attiré les écrits et les analyses à son propos.

 Imaginer pourquoi et comment ce peintre a travaillé.

Je regarde le dictionnaire et là c’est le choc: on ne sait presque rien de l’homme. Il ne reste de lui que les tableaux, une trentaine, et quelques documents administratifs, actes de vente de tableaux, d’une maison, acte de mariage, menu d’un repas auquel il a participé. Quasi rien. La porte est ouverte.

Le souvenir Des Mémoires d’Hadrien de Marguerite Yourcenar m’accompagne. Je tends à ce qu’elle a si parfaitement atteint, une autobiographie romancée, une voix qui traverse une autre, un texte historique où l’essentiel n’est pas dans les détails des costumes ou des lieux, mais dans le ton, le passé vécu de l’intérieur.

Le travail se fait à partir de deux voies:

la lecture de livres sur l’époque de Bosch, sa peinture et ses contemporains, mais aussi le contexte, le quotidien.

L’observation et le rêve sur les tableaux que je tente d’aller voir tous afin d’instaurer un rapport intime avec eux. Me mettre dans la tête de celui qui les a peints et surtout prendre le contre-pied des livres écrits sur lui. Bosch, un drogué ? Un membre de secte ? Je crois au pouvoir tout puissant de l’imagination. Aux voyages intérieurs, ceux que l’on fait sans sortir de sa chambre.

Je me raccroche aussi à ma propre histoire. Souvenirs d’enfance de vacances passées chez mes cousins au Pays-Bas, odeurs de Carnaval, canaux glacés… Sévérité de l’adolescente qui écrivait des courts-métrages sur les péchés capitaux. Ecrire de la fiction, c’est chercher en soi pour mettre à distance.

Quand le livre est terminé, je reprends le point de vue de son épouse. Et là, je trouve ce que je veux. Je peux faire passer mon admiration. Partager ses angoisses. Exprimer ma tristesse devant ses difficultés à accepter le monde tel qu’il est.

lesDémonsDeJéromeBosch-poche

 Le livre est  sorti en collection de poche en octobre 2010.

C’est tellement important qu’un livre ne coûte pas cher et qu’on puisse l’emporter partout.

 

Pour en savoir plus, quelques régals:

Johan Huyzinga, L’automne du Moyen-Age, Petite Bibliothèque Payot ou consultable en ligne.

Jurgis Baltrusaitis, Le Moyen âge fantastique: antiquités et exotismes dans l’art gothique,  chez Flammarion.

Jacques Legoff, L’homme médiéval, chez Points.

Pour les tableaux, le Louvre, Madrid, Lisbonne… pour voir les détails minuscules, approcher la matière peinte sur bois, ses couleurs éblouissantes.

 

 

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Les attaches invisibles https://www.alexandrastrauss.fr/les-attaches-invisibles/ https://www.alexandrastrauss.fr/les-attaches-invisibles/#comments Sun, 24 Mar 2013 17:28:38 +0000 http://www.alexandrastrauss.fr/?p=141 Odilon Redon, c’était un ensemble d’images qui m’accompagnaient depuis l’enfance: coquillage nacré des mers du sud, Bouddha serein, papillons translucides, profils de médaille transfigurés par des lumières intérieures et se détachant sur des fleurs étranges, douces et vénéneuses à la fois. Peintre ayant vécu entre le 19e siècle et le 20ème, Odilon Redon aimait plus […]

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Odilon Redon, c’était un ensemble d’images qui m’accompagnaient depuis l’enfance: coquillage nacré des mers du sud, Bouddha serein, papillons translucides, profils de médaille transfigurés par des lumières intérieures et se détachant sur des fleurs étranges, douces et vénéneuses à la fois. Peintre ayant vécu entre le 19e siècle et le 20ème, Odilon Redon aimait plus que tout la littérature et surtout Baudelaire. Contemporain de Paul Gauguin et du poète Mallarmé dont il fut l’ami, il se posa toute sa vie en décalage avec les goûts de son époque pour le réalisme ou l’impressionnisme.

A l’origine, inspirée par ces images et les tableaux admirés au Musée d’Orsay, j’avais écrit une nouvelle qui racontait comment un enfant triste se rêvait volant parmi un troupeau d’oies au-dessus de sa terre natale. Onirisme, histoire d’enfance et de fuite dans l’imaginaire, réinvention du monde quotidien. Parmi les thèmes qui y étaient évoqués et que j’ai repris dans le roman, on pouvait y trouver l’atmosphère de l’une de ces vieilles maisons à la campagne, la solitude quand les parents vous y laissent l’été pour vaquer à leurs affaires «sérieuses», l’attachement douloureux qu’on peut porter à un lieu d’enfance.

Quel rapport avec Odilon Redon, le peintre dit « symboliste » ? Réponses dans Les attaches invisibles qui est ce travail romanesque sur les origines d’un destin artistique, la difficulté d’être de son époque, l’apprentissage de la liberté, le détachement. Avec, comme je l’avais fait pour Jérôme Bosch, un point de vue qui se veut « de l’intérieur ». Dans un contexte qui n’est plus le Moyen-âge où l’artiste souvent héritait d’une tradition familiale, le cas Redon pose la question du: pourquoi devient-on artiste ? Quels évènements de l’enfance peuvent-ils faire naître un tempérament artistique, c’est à dire un être qui va avoir besoin d’exprimer sa vision de lui-même et du monde, d’exposer ses croyances et ses rêves au jugement des autres pour mieux les comprendre, pour mieux vivre, ou parfois juste pour survivre ? C’est l’histoire de rencontres et d’influences car l’artiste est cette matière souple et fragile qui se nourrit de ce qu’il aime, digère et produit une matière neuve qui le reflète, lui et son temps.

Or l’évolution du travail d’Odilon Redon au cours de sa vie est des plus étonnantes. Redon est un artiste qui n’a longtemps dessiné que des monstres et des visions sinistres mais qui, peu à peu, est devenu un peintre de lumières, de couleurs et de fleurs. Et cela, passé l’âge de quarante ans.

Ce miracle me touchait profondément. N’est-ce pas un chemin idéal que d’apprendre à s’affranchir des douleurs, couper les ponts avec les ressentiments pour atteindre la sérénité ? Cette trajectoire, j’ai voulu la comprendre, et la refaire avec lui.

Le roman, avec sa couverture aux papillons qui s’élèvent vers l’azur, est sorti en mars 2011.

 

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Le cinéma s’affiche https://www.alexandrastrauss.fr/le-cinema-s-affiche/ https://www.alexandrastrauss.fr/le-cinema-s-affiche/#respond Sat, 23 Mar 2013 17:27:25 +0000 http://www.alexandrastrauss.fr/?p=139 Octobre 2012. Une commande d’éditeur et beaucoup de plaisir. Merci à Gulf stream et à Paola. Ou, comment associer mon métier de monteuse, celui d’écrivain et le spectateur cinéphile que je suis toujours restée. En 26 lettres et 52 articles, le livre fait un tour de l’histoire du cinéma en passant par des thèmes aussi […]

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Le cinéma s'affiche couv petite

Octobre 2012. Une commande d’éditeur et beaucoup de plaisir. Merci à Gulf stream et à Paola.

Ou, comment associer mon métier de monteuse, celui d’écrivain et le spectateur cinéphile que je suis toujours restée.

En 26 lettres et 52 articles, le livre fait un tour de l’histoire du cinéma en passant par des thèmes aussi divers que « Chaplin », « Cinecitta », »onirisme », « trucages », « langage », « voix off »…  Ecrits pour partager.

Pour le mener à bien, j’ai dû revoir mes classiques et orienter les articles de manière à donner envie à tous leurs lecteurs  de voir aussi ces films, car le cinéma est plaisir, héritage culturel et porte sur la diversité du monde.

A retenir les excellentes illustrations de Aseyn, très fines et drôles qui a réussi à prouver qu’un livre sur le cinéma sans photos, c’est possible.

Pour le plaisir encore, d’autres images, et univers, sur son site.

Illustrations-eysins

 

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Retour sur Les démons de Jérome Bosch, à propos d’éthique. https://www.alexandrastrauss.fr/retour-sur-les-demons-de-jerome-bosch-a-propos-d-ethique/ https://www.alexandrastrauss.fr/retour-sur-les-demons-de-jerome-bosch-a-propos-d-ethique/#respond Fri, 22 Mar 2013 16:31:17 +0000 http://www.alexandrastrauss.fr/?p=149 « L’éthique vise à répondre à la question « Comment agir au mieux ? » » est ma définition préférée. (accessible sur Wikipedia). Ecrire sur Bosch, pour moi, c’était raconter l’histoire d’un enfant solitaire poussé à l’exigence morale par sa mère et sa propre sensibilité. De la vision de ses oeuvres se dégage une critique virulente des comportements humains qui […]

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« L’éthique vise à répondre à la question « Comment agir au mieux ? » » est ma définition préférée. (accessible sur Wikipedia).

Ecrire sur Bosch, pour moi, c’était raconter l’histoire d’un enfant solitaire poussé à l’exigence morale par sa mère et sa propre sensibilité. De la vision de ses oeuvres se dégage une critique virulente des comportements humains qui entraînent  par leurs excès la destruction progressive du monde, des liens humains et sociaux. En première ligne, les puissants, qui montrent un si mauvais exemple en menant des vies dirigées par le principe du plaisir immédiat, modèle fatal, et en entraînant la société dans la guerre et la haine des autres, qu’ils appartiennent au monde séculier ou religieux, mais pas seulement: dans la peinture de Bosch, nous sommes tous concernés, il suffit d’aller regarder les admirables détails.

Jerome BOSCH - la nef des fous (detail)

La nef des fous, détail, musée du Louvre, Paris.

Extrait des Démons de Jérôme Bosch:

Pour Jérôme, l’élévation spirituelle était une nécessité qui allait de soi. Sa mère lui en avait très tôt inculqué l’exigence, et chaque acte de sa vie était le reflet de ses luttes intérieures entre désirs matériels et aspirations spirituelles. Mais aumônes et participation à l’intérêt commun ne suffisaient pas à lui donner bonne conscience. Nous pouvions nommer dans notre entourage trop d’hommes qui se permettaient les comportements les plus vils sous prétexte qu’ils agissaient pour le soulagement immédiat des maux humains, participant financièrement à la construction d’un nouveau puits dans la cour d’un asile ou à l’amélioration des repas d’un hospice…

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Les sept péchés capitaux, détail, musée du Prado, Madrid.

Fermant les yeux, Jérôme respira l’odeur des cires, des huiles et des vernis et il entendit éclater les rires des apprentis qu’un rien détourne de leur travail. L’appentis vide contenait sa vie future, et sans doute même sa mort.
Jérôme vit des hommes et des femmes sortir des murs les uns derrière les autres. Ils formaient une longue file qui s’enroula autour de lui comme un serpent autour d’un arbre. Ombres pullulantes de ceux qui buvaient, qui festoyaient, de ceux qui battaient leur femme ou forçaient les servantes, de ceux qui n’étaient que des ventres aux bas appétits et dont la tête était une panse, et la panse, le siège de la pensée. Il y avait ceux qui vivaient dans l’erreur, la tête en bas, la vue faussée, ceux qui voyaient les choses à l’envers de ce qu’elles devraient être, le mal pour le bien, le juste pour le faux. Le monde était un grand carnaval où tout était leurre et illusion, où l’on était trompé par les apparences, les déguisements, les masques…

Jerome_Bosch 3 visages méchants

Le portement de croix, détail, musée des Beaux-arts, Gand.

Loin des visages haineux, avides et égoistes, Bosch nous propose un modèle de vie exemplaire, celui de ces hommes qui se sont retirés de la course pour aller méditer au sein de la nature. L’harmonie issue de l’accord de l’homme avec le monde qui l’entoure est palpable dans les lumières et les visages des saints qui expriment une sérenité enviable. La question se pose du « comment agir au mieux ».

Lutter, participer ? Ou se mettre en retrait et ne pas ajouter au chaos ? Une question que je me pose  quotidiennement.

Quel sens cela avait-il de se retirer du monde ? La question tourmentait régulièrement Jérôme et revenait dans nos discussions. Je me l’étais posée dès ma jeunesse, et elle restait suspendue au-dessus de moi. Fuir la communauté humaine, s’épargner les douleurs du quotidien, se consacrer à sa propre pureté, était-ce là vraiment une attitude louable ? N’était-ce pas plutôt une forme raffinée de l’orgueil ? L’homme qui se plongeait dans le coeur de la vie et s’en sortait dignement n’était-il pas celui qui méritait d’être sauvé ? Jérôme ne savait comment répondre à cette question. Tandis que dans sa jeunesse il se promettait de combattre les tentations physiques, la luxure, la paresse, la gourmandise, celles-ci ne lui paraissaient désormais plus que comme les avatars des vrais vices : ceux qui s’emparaient de l’homme dès lors qu’il se consacrait à la poursuite  du pouvoir, qu’il fût temporel ou spirituel, mû par la certitude de détenir la vérité, de vouloir l’imposer comme unique et ainsi d’empêcher les autres d’avoir le choix de leur salut. Ce n’était que lorsqu’un individu cherchait à dominer que son rapport à ce qu’offrait l’univers sensible se détériorait, laissant cours à toutes les gourmandises, toutes les envies, toutes les violences. L’amour devenait prostitution, la paresse rendait les hommes esclaves, et les biens matériels se transformaient en nécessités vitales. Mais comment ne pas tomber dans l’orgueil de changer les autres sans commencer par soi ?

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 La méditation de saint Jean-Baptiste, Musée Lazaro Galdiano, Madrid.

Pour en savoir plus sur les ermites, un merveilleux livre: Les hommes ivres de Dieu de Jacques Lacarrière.

Et bien sur, les extraits de La Tentation de  Saint Antoine de Gustave Flaubert, que j’ai choisis de publier face aux illustrations d’Odilon Redon dans Baudelaire, Poe, Malarmé, Flaubert, interprétations par Odilon Redon.

Vous déciderez après si vous préférez les colonnes ou les grottes !

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