S'abonner par flux RSS

Ernest Cole, une oeuvre une vie un film

22 décembre 2024 0 commentaires

(English below)

En 2023, Raoul Peck m’a proposé une nouvelle collaboration. Il avait en projet un film sur le photographe sud-africain Ernest Cole (1940-1990), dont la plupart des négatifs avaient été retrouvés dans un coffre de banque en Suède en 2017 et qui doit sa célébrité à un livre de photographies paru en 1967 aux Etats-Unis sous le titre de House of Bondage.

Nous n’allions pas refaire A la recherche de Vivian Maier, Raoul Peck voulait avec ce nouveau film rendre hommage au travail d’Ernest en partant des textes qu’il avait écrit, de ses notes, de ses lettres, de quelques souvenirs glanés auprès de témoins encore vivants en 2023 de la vie d’Ernest Cole. Un film à la première personne, raconté par Ernest, comme revenu d’entre les morts. Un challenge pour moi que de faire cinéma avec comme matériel principal des photographies et une voix off.

Ce film, qui serait notre 6e collaboration, serait le 3e dont le scénario, le libretto, serait une voix off. J’aime beaucoup cette matière, littéraire d’une certaine manière, sur laquelle rêver pour y adosser des images et des sons, avec laquelle construire un récit fait de séquences, un récit qui était pour ce film marqué par l’exil d’Ernest Cole. Il y avait le monde de l’Apartheid, illustré par les photographies d’Ernest, et les Etats-Unis, où il passa 20 ans à photographier et à rêver au retour. Mon travail passa donc aussi par de nombreuses recherches pour tenter de reconstituer l’univers d’Ernest aux Etats-Unis, son quotidien dans un New-York des années 70 et 80 qu’il a photographié en grande partie et dont j’ai tenté de retrouver l’écho dans des films amateurs, dans la musique de ses compagnons d’exil, puis en montant les images tournées par Raoul dans certains lieux de sa vie, les asiles de nuit, quelques rues d’Harlem, l’hôpital. Ce travail de reconstitution impressionniste est ce qui donne je crois au film sa sensibilité particulière, donne à Ernest Cole la possibilité d’être entendu de nos jours avec sa rage, sa douleur en remettant ses photographies dans une lumière bien méritée.

Ernest Cole, a body of work, a life, a film

In 2023, Raoul Peck offered me a new collaboration. He was planning a film about the South African photographer Ernest Cole (1940-1990), most of whose negatives had been found in a safe deposit box in Sweden in 2017. Cole is famous for a photo book published in 1967 in the United States under the title House of Bondage.

We were not going to remake Finding Vivian Maier. With this new film, Raoul Peck wanted to pay tribute to Ernest Cole’s work by using the texts he had written, his notes, his letters, and some memories gathered from witnesses still alive in 2023 who had known Ernest Cole. It was to be a first-person film, narrated by Ernest himself, as if he had returned from the dead. For me, it was a challenge to make a film using primarily photographs and a voiceover as the main material.

This film, which would be our sixth collaboration, would be the third with a script or libretto built on a voiceover. I really enjoy working with this material, which is literary in a way, as a foundation to dream upon, to attach images and sounds to, and to construct a narrative made of sequences. For this film, the narrative was shaped by Ernest Cole’s exile. There was the world of apartheid, illustrated by Ernest’s photographs, and then the United States, where he spent 20 years photographing and dreaming of returning. My work also involved extensive research to try to reconstruct Ernest’s world in the U.S., his daily life in a New York of the 70s and 80s, which he photographed extensively. I attempted to capture echoes of this world in amateur films, in the music of his fellow exiles, and then by editing the footage shot by Raoul in some of the key locations of his life—night shelters, certain streets in Harlem, the hospital.

I believe this work of impressionistic reconstruction is what gives the film its unique sensitivity. It allows Ernest Cole to be heard today with his rage and his pain, while placing his photographs in a light they truly deserve.

Rangé dans: Cinémas

Laissez un commentaire